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Une expatriation à Tunis

19 octobre 2011

Lettre à mes amis tunisiens

063__2_Il y a un an, nous quittions la Tunisie qui nous paraissait totalement anesthésiée  par  le poids de la dictature imposée par le président Ben Ali. Quelques semaines après, nous suivions avec intérêt, espoir et une immense joie les évènements qui ont conduit le président à fuir le pays. J’ajouterais avec également un peu de dépit de ne plus être sur place pour vivre ce renouveau en direct.

La maturité dont ont fait preuve les tunisiens dans la conduite de la révolution  semblait être un exemple à suivre et les voix de la démocratie pouvaient enfin s’exprimer librement.

Un an après, à la veille des premières élections libres, je suis inquiète. Les récents évènements autour de la diffusion du film de Marjane Satrapi, Persépolis, ont révélé les vrais dangers pour le pays.

Tunisiens, fiers de la laïcité de votre pays et de sa tolérance envers les autres religions, ne vous laissez pas enfermés dans une autre dictature aussi grave que la précédente.  Vous avez gagné votre liberté, ne la perdez pas au profit d’illuminés qui feraient demain régresser le pays le plus dynamique de cette partie du globe. Tunisiennes, mes sœurs, que j’ai vu souvent en tête des manifestations, cheveux au vent, continuez à vous battre pour votre indépendance et votre égalité.

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16 janvier 2011

Ambassade de Tunis à Washington

Une communauté tunisienne assez réduite ici mais qui suit bien sûr les évènements dans le pays, cette photo prise devant l'Ambassade 035en est un témoignage.

15 janvier 2011

Une leçon pour la démocratie

018__3_Bien qu’ayant quitté la Tunisie depuis quelques semaines après y avoir vécu pendant trois ans, je ne peux que réagir aux évènements qui viennent de se dérouler dans le pays.

Pendant des jours, devant le bain de sang provoqué par les forces de l’ordre à l’égard de manifestants certes déterminés mais avant tout pacifistes, j’ai pleuré et au fond de mon cœur réclamé l’arrêt du massacre. Hier aussi j’ai pleuré, mais de joie en apprenant non pas le départ, mais la fuite du Président Ben Ali.

Le peuple tunisien, asservi depuis plus de 20 ans a su mener à bien une révolution qui est une leçon pour tous les autres pays, notamment en Afrique. Oui avec détermination et sans violence on peut amener un dictateur a quitter le pouvoir !

De nombreuses images et conversations me sont revenues. L’omniprésence de la police et les contrôles incessants, je n’ai jamais vu une population être obligée de montrer ces papiers aussi souvent….les coups portés par les forces de l’ordre envers des jeunes qui resquillaient dans les transports en commun…. tous ceux qui me disaient lorsque je leur donnais ma nationalité « la France, le pays de la liberté »… tous ceux qui me déclaraient vouloir quitter le pays vers un ailleurs plus libre…les réactions après les dernières élections triomphantes de Ben Ali et un chauffeur de taxi qui souhaitait s’abstenir mais avait été contraint par les policiers de se rendre au bureau de vote ….d’autres chauffeurs de taxi encore qui lorsque mon trajet m’obligeait à passer devant le palais présidentiel me demandaient si on pouvait faire un détour, parce que cela ne se faisait pas de passer là trop souvent, c’eaitt suspect….Tout ça bien sûr discrètement et en étant sûrs de ne pas être entendu par la police.

Deux anecdote  qui en disent long sur ce qu’endurait les tunisiens : pendant les mois qui ont suivi notre arrivée, sans voiture, il nous est souvent arrivé d’en louer une pour le week-end. Mon mari, français au teint mat, ne pouvait prendre le volant sans être arrêté pour un contrôle d’identité. Dès qu’il ouvrait la vitre en répondait avec un français sans accent au policier, la situation devenait plus simple et comme le mot d’ordre était de ne pas ennuyer les touristes, nous repartions au bout de 30 secondes. Mais être arrêtés 4 fois entre la maison à Carthage et le centre de Tunis dénonce bien la pression à laquelle était soumise les tunisiens en permanence.

Autre lieu, le train de banlieue reliant les quartiers nord à Tunis. Altercation entre des jeunes et des contrôleurs. Le ton monte (on est de l’autre côté de la Méditerranée) et là, interviennent 2 voyageurs apparemment anonymes…des policiers en civil ! ! !  Ces derniers étaient plus nombreux que ceux en uniformes, c’est peu dire !

Et le coût de la vie… Il faut savoir que le salaire moyen actuel est de l’ordre de 400 dinars. Le coût d’un mouton pour l’Aïd dépasse et de loin un salaire mensuel ! Que de sacrifices pour les familles pour pouvoir célébrer la plus grande fête de l’Islam !

Et ne parlons pas de la censure, pendant 3 ans impossible de se connecter à You Tube ou de lire Libé autrement que sur Internet…

C’est ce que j’ai vu en tant qu’européenne, donc intouchable.

Hier soit, sur France 2, Serge Moati disait que le peuple tunisien est un peuple doux. J’ajouterais sans méchanceté, un peu lent également… Mais lorsque la coupe est pleine, cela conduit à ce que l’on vient de voir.

Ce que j’en retiens c’est vraiment une très forte leçon de dignité et une marche déterminée vers la démocratie par un peuple qui se reprend en charge courageusement.

Tunisiens, je vous admire et je vous souhaite bonne chance pour aller vers l’avenir sur le chemin que vous avez librement choisi, malgré toutes les difficultés rencontrées.

D'ici 2 à 3 semaines, les mimosas vont fleurir partout dans le pays. C'était ma saison préférée. Que cette année elle symbolise vraiment le renouveau.

6 octobre 2010

Merci

009Et voilà ! Au moment de tourner la page et de quitter définitivement le pays (nous nous envolerons de Tunis-Carthage le 15 octobre à 13 h 30), j’ai envie de dire « merci » à tous ceux qui, au cours de ces 3 années, m’ont aidé à me sentir un peu chez moi et à comprendre ce pays dans toute sa complexité.

Alors Merci (en vrac) :

-          A la librairie Al Kitab à Tunis et à Culture à La Marsa qui m’ont permis d’étancher mon éternelle soif de lecture et de découvrir des auteurs arabes que je n’aurais peut-être jamais eu la curiosité de lire,

-          Au personnel du café de l’El Hana à Tunis, qui a tout de suite compris que je ne prenais jamais de sucre avec mon café,

-          A M…, serveur à Al Mazar à Tunis, toujours d’humeur égale même épuisé, surtout l’été lorsqu’il cumule deux emplois dont un le soir dans un restaurant d’Hammamet,

-          Au boulanger du Kram qui cuit des bannettes, presque comme à la maison,

-          A toute l’équipe de l’Avant Première, nos fournisseurs de DVD préférés à La Marsa qui nous ont permis non seulement d’être toujours au fait des sorties cinématographiques, mais également de retrouver de vieux films assez difficiles à trouver ailleurs,

-          A « Victoria » toujours au Kram, dont les croissants chauds rappellent ceux des boulangeries parisiennes,

-          Au personnel du restaurant « La Mer » à La Goulette qui ne nous présente plus la carte mais nous invite directement à aller choisir un poisson à faire griller,

-          Aux employés du TGM à la station Salambô pour nos échanges quotidiens amicaux, voire coquins, mais ne dépassant jamais les limites,

-          A mes marchands de fruits dans le quartier,

-          A mes voisins, dont la présence discrète mais chaleureuse m’a permis de supporter les absences de mon mari, au cours de ses missions dans des pays africains parfois inhospitaliers,

-          A cette jeune commissaire de police, nouvellement diplômée, qui m’a fait part de ces doutes et de ces difficultés face aux personnes auxquelles elle était confrontée,

-          Aux quincailliers de la rue Al Jazzira à Tunis qui se sont mis en quatre pour trouver des pièces détachées pour mon robot Black et Decker (ici, c’est plutôt Moulinex qui tient le marché)

-          A tous ceux que j’ai croisé au hasard de mes ballades et qui en quelques mots échangés et un sourire m’ont offert la possibilité de mieux appréhender la vie des tunisiens, leurs difficultés, leurs rêves,

-          Et pour finir à…..mes pieds qui ont accepté sans rechigner les kilomètres et les kilomètres que je leur ai fait parcourir jusque dans les recoins les plus improbables de Tunis.

30 septembre 2010

Promenade à Sidi Bou Saïd

014Ce village, situé à une petite vingtaine de km du centre de Tunis, fait partie de ces lieux célèbres dans le monde entier, comme St Tropez ou St Paul de Vence en France.

Alors, qu’a-t-il donc de si particulier ?

Sa situation tout d’abord. Il s’est construit sur un promontoire qui permet de dominer et d’avoir une vue imprenable sur toute la baie de Tunis, avec en face les massifs du Cap Bon qui plongent dans la mer.

Refuge estival des grandes familles tunisoises fuyant la chaleur étouffante de la ville dès le XVIIIème siècle, ses ruelles sont longées de palais et maisons traditionnelles, qui ont été parfaitement préservées. Les constructions modernes s’inscrivent parfaitement dans le site, protégé depuis 1915. Où que l’on pose les yeux, les maisons blanches aux volets bleus se cachent au milieu des bougainvilliers qui offrent toutes leurs gammes de couleurs.

C’est au début du XXème siècle que Sidi Bou Saïd devient célèbre grâce au baron d’Erlanger. Héritier d’une grande famille, orientaliste distingué et artiste lui-même, il a fait édifié dans le village une villa extraordinaire, d’inspiration arabo-andalouse. C’est à lui que l’on doit le renouveau de la musique tunisienne et la demeure abrite aujourd’hui, outre des collections d’instruments, le conservatoire de musique traditionnelle.

Malheureusement, le village est un redoutable piège à touristes. L’été, il n’est pas rare de voir une cinquantaine d’autocars stationnés en même temps dans le parking spécialement aménagé, attendant le retour des visiteurs auxquels les tour opérators octroient royalement 45 minutes pour découvrir le site, passage obligé de toute vacance en Tunisie.

La rue principale n’est qu’une succession de boutiques, aux vendeurs tous plus arnaqueurs les uns que les autres, et n’hésitant pas à vendre trois fois plus chers les mêmes articles qu’à Tunis.

Alors, pour profiter de Sidi Bou Saïd, rien ne vaut un matin d’automne ou d’hiver ensoleillé, à la lumière particulièrement pure. A ce moment là, les ruelles ne seront qu’à vous. Montez jusqu’au phare ou jusqu’au paisible cimetière qui domine la mer. Installez vous ensuite  à l’une des petites tables de la terrasse du café des Nattes et vos pourrez savourez votre thé ou votre café en toute sérénité en contemplant en silence le paysage qui s’offre à vous.

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23 septembre 2010

Halfaouine, si loin des circuits touristiques

Si vous désirez vous immerger complètement dans la Tunis traditionnelle, allez faire un tour dans le quartier d’Halfaouine, qu'aucun tour opérator n'a jamis inscrit dans son circuit, mais qui vous offrira une vision de la réalité tunisienne.

Ce quartier se situe au nord de la médina et le plus simple pour s’y rendre est de demander à un taxi de vous déposer place Bab Souika. Là, il vous suffit de prendre la rue Halfaouine pour se retrouver dans une autre époque. Ici rien n’a changé. Un marché s’y tient tous les jours. Ce n’est pas là que j’achèterais ma viande, même si cela m’amuse de voir les bouchers préparer les merguez avec d’antiques machines, ni mon poisson d’ailleurs, mais les fruits et légumes sont exceptionnels et beaucoup moins chers qu’au marché central.

Au bout de cette rue, un marchand de gâteaux….débordant de miel et autant appréciés des mouches que des gourmands, mais si bons.

Votre promenade dans la rue se fait donc, vous l’aurez compris au milieu des effluves diverses, viande, poisson, sucre, menthe par brassées à la saison, olives, friture, parfums capiteux...l’odeur de Tunis, si particulière.

Un peu plus haut, vous débouchez sur la place, fermée sur un côté par la mosquée. De manière étonnante et unique dans le pays,  celle-ci se compose d’un ensemble comprenant un hammam, un tombeau, une école coranique et un souk avec de multiples étals de fripiers. Devant, des marchands qui vous proposent 2 kg d’oranges ou encore dans une cage, un poulet qui cohabite avec 3 tortues !

Si vous vous vous engagez dans le petit souk qui s’ouvre sur la place, vous rencontrerez tout un monde de brocanteurs et de vendeurs d’objets de récupération.

Pour retourner vers le centre de Tunis, vous pouvez entrer dans la médina, mais également parcourir les petites ruelles qui vous conduiront vers Bab El Kadrha. C’est dans ces petites venelles où les gamins jouent en permanence au ballon que j’ai trouvé de multiples échoppes d’écrivains publics qui aident les habitants à rédiger des lettres, passer des annonces…

Ici, mas un seul touriste, ni un seul expat d’ailleurs. Peu d’entre eux ont osé aller s’aventurer dans ce quartier. Lorsque je me promène, je suis souvent la seule étrangère. Mais je m’y sens, comme partout à Tunis, en parfaite sécurité.

C’est en écrivant cette page que je me rends compte que je n’ai jamais pris aucune photo de ce quartier. Peut-être parce que j’ai le sentiment que cela serait du voyeurisme et que je préfère, même si c’est difficile pour une fille rousse, essayer de me fondre dans la masse en respectant la population de ce secteur si attachant.

22 septembre 2010

La protection de l'environnement, un rude combat à mener

Encore quelque chose que j’ai du mal à m’expliquer. Pourquoi ce pays magnifique est-il une vraie décharge publique ?042__2_

Mon interrogation est d’autant plus forte que les tunisiens sont des gens propres….mais dans leur espace privatif uniquement. La propreté est inscrite dans le Coran et ce n’est pas pour rien que les prières sont précédées par le rite des ablutions.

Les maisons, même les plus humbles sont systématiquement nettoyées tous les jours et  on pourrait manger sur les carrelages lavés à grande eau quotidiennement. Tous les tunisiens que l’on croise dans les rues sont irréprochables, chemises immaculées et repassées pour les hommes, robes impeccables pour les femmes. Et pour tout dire, je préfère l’odeur des transports en commun de Tunis à celled u métro parisien, même aux heures de pointe, même si parfois je trouve les parfums un peu lourds, .

Alors, pourquoi, dès que l’on se situe dans l’espace public, se retrouve-t-on dans une immense déchetterie, d’autant plus que dans le centre de Tunis, il n’y a aucune difficulté pour trouver des poubelles et que les rues sont sillonnées en permanence par une armée de balayeurs ?

Les déchets sont abandonnés n’importe où. Les tunisiens qui grignotent toute la journée ne rencontrent aucun scrupule à abandonner leurs papiers gras sur les trottoirs. Il n’est pas rare de trouver des bouteilles vides abandonnées dans les wagons de métro, et je ne parle pas des déchets de graines de courges mastiquées à longueur de temps.

Dans tous les quartiers, outre le passage des bennes à ordures traditionnelles une fois par jour, s’effectue un ramassage permanent à l’aide de petites charrettes. Mais il faut déposer ses ordures à un endroit bien déterminé, ce qui en soi n’est pas vraiment difficile. Mais non, les sacs plastiques éventrés par les chats jonchent les rues.

D’ailleurs, ses sacs plastiques sont partout et souvent gâchent les plus beaux paysages, accrochés aux branches des arbres et s’envolant mollement au gré du vent pour se reposer 10 mètres plus loin.

Le pire pour moi est certainement la plage. La plage à côté de la maison est nettoyée tous les matins. Heureusement !  car à partir de midi, elle aussi ressemble à une décharge à ciel ouvert.

Certes, les tunisiens ont l’habitude de passer de longues heures sur la plage et à y manger. Mais, ce n’est pas compliqué de garder et d’emmener en partant les emballages de yaourt, les boites de thon vides, les pelures de banane et les bouteilles de Coca ! Le pire, les couches de bébé souillées… et oui… Pourtant, tous les ans en début de saison, la municipalité fait l’effort de disposer de gros bidons pour récupérer tous ces détritus. Le premier jour, ils sont transformés en poteaux de but par les footballeurs en herbe, et au bout d’une semaine, ils ont disparus.

Un effort commence à être fait par les grandes enseignes de la distribution qui proposent à leurs clients des sacs réutilisables.

Mon mari, qui parfois est plus patient et compréhensif que moi, me répète qu’il y a encore 20 ans, en France c’était la même chose et que les pouvoirs publics ont dû engager des actions lourdes  pour éviter que l’on retrouve des carcasses de voitures abandonnées dans les bois et des vieux frigos le long des routes.

Certes. Alors, pourquoi ne pas copier sur ce qui a été fait ailleurs en matière de communication et d’action et ne pas se contenter de baptiser dans chaque ville un Boulevard de l’Environnement, repérable à soin petit fennec bleu, symbole justement de cette politique de protection.

Amis tunisiens, un petit effort. Votre pays, c’est votre maison et il faut le traiter de la même manière.

22 septembre 2010

Quand le TGM tombe en panne

Le TGM fait partie de ces petits trains mythiques que l’on rencontre un peu partout dans le monde, mais en plus il est vraiment pratique… sauf lorsqu’il tombe en panne.

TGM, trois initiales qui signifient Tunis-La Goulette-La Marsa. Ce petit train relie donc la ville de Tunis à ses banlieues nord, souvent résidentielles. Le trajet entre Tunis et le terminus à La Marsa s’effectue en 40 minutes environ et permet une vraie promenade entre différents paysages.

A son départ de Tunis, le train commence par emprunter la chaussée construite par les français à la fin du XIXè siècle et qui permet de traverser dans son intégralité le lac de Tunis. Donc, on roule au milieu de l’eau avec une vision incomparable sur Bou Kornine, cette petite montagne qui domine la baie, si caractéristique avec ses deux bosses.

Puis on aborde les banlieues résidentielles pour passer devant le palais présidentiel, le site archéologique des villas romaines et enfin atteindre le village de Sidi Bou Saïd, niché au milieu des bougainvilliers. Ensuite, une lente traversée au milieu des forêts de mimosas amène à la corniche de La Marsa d’où on domine la mer. Somme toute, un moment sympa, même lorsqu’il est utilitaire.

Sa fréquence, qui est d’un train toutes les 10 minutes environ en fait un moyen de déplacement fort utile qui évite avant tout de prendre la voiture pour aller à Tunis et être confronté à la fois aux embouteillages et à l’indiscipline des tunisiens au volant. Je ne parlerai pas de son coût : environ 60 centimes d'euros pour l'intégralité du trajet !007__2_

Pour ma part, je lis, je regarde le paysage, je fais des rencontres intéressantes….

Tout ça est assez sympathique, sauf lorsque cette maudite machine décide de tomber en panne, ce qui, vue sa vétusté, arrive finalement assez souvent.

C’était le cas aujourd’hui. Arrêt dans l’une des gares, et là, impossible de redémarrer.

Mais pas de panique. Sauf si vous êtes vraiment pressés et dans ce cas, vous descendez et vous finissez en taxi, il vous suffit d’attendre la rame suivante qui tranquillement va vous pousser jusqu’au terminus.

C’est un peu long, émaillé  de soubresauts, mais ça marche et vous arrivez à bon port avec juste un peu de retard.

17 septembre 2010

Kairouan, ville magique

118Kairouan est sans conteste la ville de Tunisie que je préfère. Considérée comme la quatrième ville sainte de l’Islam, elle a su garder un caractère authentique.

La route de Kairouan  traverse une plaine de plus en plus en plus aride au fur et à mesure qu’on s’avance vers la ville. Et puis tout à coup, au fond de l’horizon se dessine, cerné par une brume due à la chaleur et à la poussière, l’extraordinaire minaret de la Grande Mosquée.

Les quartiers périphériques sont ceux de toutes les villes de Tunisie, mélange d’habitations neuves inachevées et de vielles bâtisses plus ou moins en ruines, avec au rez- de-chaussée des échoppes et ateliers de mécaniques en tous genres.

Et puis, on arrive à la médina, cernée pas ses remparts aux portes imposantes et on entre dans un autre monde. Un monde qui a su se protéger du mercantilisme. A l’exception des magasins de la rue principale, on peut se promener tranquillement sans tomber sur une seule boutique, si ce n’est des ateliers de tissage dont les propriétaires ne viennent pas vous racoler avec instance.

On dit que la ville compte plus de 100 mosquées. Il faut y être au moment de l’appel à la prière lorsque les chants des  muezzins semblent se répondrent au dessus des toits. C’est particulièrement extraordinaire au moment de la prière du soir, lorsque la nuit commence à tomber.

Les rues ou ruelles qui mènent à la grande Mosquée sont bordées de maisons aux portes ouvragées. Et soudain, on arrive devant la merveille de la ville. Là encore, un mur d’enceinte imposant, qui rend d’autant plus magique l’entrée dans la cour immense bordée d’arcades et inondée de soleil.

Les piliers qui soutiennent l’édifice sont en grande partie de l’époque romaine et ont été « récupérés » dans les ruines de Carthage puis transportés à Kairouan. Résultat, il est difficile d’en trouver deux identiques côte à côte, mais aussi  étrange que cela puisse paraître, ça ne nuit en rien à la majesté de l’ensemble. Petite touche pleine d’humour, deux pierres romaines gravées ont été placées au bas du minaret, mais….positionnées à l’envers, les bâtisseurs ne sachant pas lire l’écriture latine.

Bien qu’on ne puisse pas pénétrer dans la grande salle de prière, la porte en est toujours ouverte et permet d’en admirer l’intérieur.

Après une promenade paisible, vos pas vous ramènent vers la rue principale de la médina et là, il ne faut pas faire l’impasse sur un arrêt à la pâtisserie Segni. Celle-ci vous propose  entre autres gâteaux et sucreries les fameux makhrouds (semoule de blé malaxée avec du miel puis fourrée aux dattes ou aux amendes et ensuite frite...) dans un décor des mille et une nuits.

16 septembre 2010

Tunisie, les jouets de l'Aïd

011Comme je l’ai déjà écrit, la fin du Ramadan est marquée par une fête « l’Aïd el Fitr » la fête de la rupture du jeûne, encore appelée l’Aïd El Ségir  ou petite fête.

Outre l’aspect religieux et les prières spéciales en ce jour, elle donne avant tout lieu à des rassemblements familiaux autour d’un repas traditionnel et à de nombreuses visites aux amis que l’on a moins vu pendant Ramadan. Elle est également l’occasion de faire des présents, notamment aux enfants. En principe ils sont habillés de neufs et se voient offrir des jouets.

Pour les petites filles, pas de problèmes. Les marchands de poupées, trousses à maquillage style Barbie, petits sacs à mains font recettes.

Mais pourquoi offre-t-on aux garçons systématiquement des reproductions d’armes à feu ?

Cela fait trois ans que je me pose la question. Pas de robots, de jeux de construction, non, des pistolets et des mitraillettes en plastique.

Cette constatation s’est révélée exacte cette année encore.

La veille de la fête, sur les étals des marchands à la sauvette, des armes. Le jour de l’Aïd, lorsque nous sommes partis en ballade, tous les garçons croisés dans les ruse arboraient fièrement qui un fusil, qui une mitraillette.

Les tunisiens sont des gens non violents, alors j’ai du mal à comprendre. C’est vrai que ces jouets, souvent made in China, arrivent en masse sur le marché et ne sont pas chers. Mais il en est de même pour des petits avions ou des voitures. Influence des séries télévisées que les enfants regardent un peu trop ?

A dire vrai, si les garçons comme partout ailleurs s’imaginent être de grands guerriers, je préférerais des reproductions d’épées du Moyen-Âge ou des sabres laser de Star War. Au moins, ces objets sont porteurs de rêve et d’un certain idéal.

9 septembre 2010

Fin de Ramadan. Ce sera ce soir

Et voilà, hier soir 8 septembre, le Grand Mufti de Tunis a publié un communiqué de presse annonçant que le quartier de lune annonçant le début du nouveau mois n'avait pu être observé. En conséquence le Ramadan se terminera aujourd'hui 9 septembre et l'Aïd aura lieu demain 10 septembre.

Bonne fête à tous nos amis tunisiens.DSCN0214

8 septembre 2010

Fin du Ramadan ? Suspense

069Le Ramadan va-t-il se terminer ce soir ? C’est la grande question que tout le monde se pose dans le pays.

Théoriquement c’est ce soir que la période de jeûne doit se terminer. Mais pour que cela soit officiel, il faut que le Grand Mufti de Tunis en fasse l’annonce. Et pour cela, il doit constater de visu la position de la lune dans le ciel.

Si cette observation n’est pas possible, le Ramadan sera prolongé d’une journée.

Et oui, alors que l’on peut connaître avec exactitude la position de la lune jour après jour pour les quelques milliers d’années à venir, la tradition perdure.

La situation s’est malgré tout améliorée. En effet, il n’y a pas si longtemps, les principaux muftis pouvaient chacun faire leur déclaration. Résultat, le Ramadan pouvait être terminé à Tunis, mais se prolonger d’une journée à Kairouan. C’est le Président Bourguiba qui a unifié le pays en décidant que seul le Grand Mufti de Tunis était habilité à se prononcer.

Donc, le grand week-end commence-t-il ce soir, puisque deux jours de congés sont accordés pour la fête de l’Aïd ?

Quoi qu’il en soit, dans tous les foyers, les femmes préparent les repas de fête qui réuniront tous les membres de la famille.

Et la seule activité qui marquera cette période sera celle des transports en commun, car les tunisiens se déplacent beaucoup à cette occasion afin de visiter famille et amis. C’est la vie qui reprend.

1 septembre 2010

Ramadan où la vie à l'envers

009Le Ramadan est un moment de l’année pendant lequel les non musulmans que je connais ont du mal à adapter leur rythme de vie à celui des pratiquants.

Je rappelle qu’au cours de ce mois saint, les musulmans ne doivent ni manger, ni boire, ni fumer, ni avoir de relations sexuelles entre le lever et le coucher du soleil, soit cette année entre 4 h 30 du matin et 19 h le soir environ.

En revanche, la rupture du jeûne donne lieu au rassemblement de toute la famille autour d’un dîner comportant des plats traditionnels et à une veillée qui peut se prolonger tard dans la nuit.

En fait, la vie est essentiellement nocturne.

Les plages d’ouverture des services et administrations sont particulièrement courtes et uniquement le matin. Les musées sont également fermés l’après-midi. Donc, en début d’après-midi tout le monde rentre chez soi et se repose en attendant le moment de la rupture du jeûne.

Les nombreux petits établissements où il est possible de se restaurer tout au long de la journée sont fermés, ainsi que les cafés aux terrasses habituellement animées dès 7 h du matin. Nombre de magasins indépendants tire le rideau à partir de 14 h.

Tout cela donne une impression de ville morte assez étrange.

La vie s’interrompt complètement entre 18 h 30 et 19 h 30, à l’heure de la prière et du repas. Cela veut dire qu’à ce moment là, vous ne trouverez ni transports en commun, ni taxis. Et lorsque vous travaillez avec des plages horaires classiques, vous devez également adapter vos horaires et éventuellement partir un peu en avance pour être sûr de pouvoir rentrer chez vous.

En revanche, dès 19 h 30, la vie reprend, les commerces et les cafés ouvrent en proposant souvent des soirées musicales (les nuits ramadanesques) les rues recommencent à grouiller d’un monde désireux de profiter de la vie et de l’animation. Vous pouvez vous rendre dans les grandes surfaces jusqu’à 1 h. du matin !

Cette ascèse est particulièrement difficile, notamment lorsque Ramadan tombe durant les mois de fortes chaleurs.

On sent les gens fatigués et souvent énervés. Les Tunisiens, qui sont de gros fumeurs, ne peuvent même pas prendre un verre d’eau pour faire passer leur envie de cigarette. Autant dire qu’à la fin de la journée ils sont plutôt à cran.

Dans ces conditions, la Sécurité routière recommande d’être particulièrement vigilant sur les routes un peu avant la rupture du jeûne. Les automobilistes, déjà peu disciplinés en temps ordinaire, ne pensent qu’à rentrer chez eux le plus vite possible, faisant fi de toute règle élémentaire du code de la route.

Le mois se termine par une fête l’Aïd Al fitr ou Aïd El Ségir (la petite fête) par opposition à l’Aïd El Kébir (la grande fête, plus connue en France sous le nom de fête du mouton) qui interviendra dans 70 jours. C’est un peu Noël, car les enfants reçoivent à cette occasion des jouets et des vêtements neufs. Et dans les rues qui reprennent vie, on voit plein de petits lutins, fiers d’étrenner leurs nouveaux habits.

30 août 2010

En bateau entre la France et la Tunisie

Faire la traversée entre la France et la Tunisie (ou l’inverse) en bateau représente toujours pour moi quelque chose de fort. La notion de voyage est beaucoup plus présente que lorsqu’on effectue le trajet en 2 h 30 d’avion. Voir s’éloigner les côtes ou au contraire les regarder se rapprocher mille après mille est toujours émouvant.

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Le voyage bateau s’effectue en 21 heures environ.

Deux compagnies assurent régulièrement la liaison entre Marseille et Tunis : la CTN, compagnie tunisienne, et la SNCM, compagnie française.

Pour avoir testé les différents bateaux, j’avoue avoir un petit faible pour le Carthage de la CTN. Le ferry propose de nombreux endroits de détente confortables, les cabines sont bien aménagées, les diverses formules de restauration intéressantes, notamment la demi-pension qui offre des menus sympathiques à des prix raisonnables.

Vient en deuxième position le Méditerranée de la SNCM.

Le Venizelos, dernière acquisition de la CTN est certes confortable, mais terriblement lent (près de 24 h.) et surtout très mal organisé pour les voitures. Alors qu’en principe les premiers arrivés dans le bateau sont les premiers sortis, là c’est le contraire, car il ne s’ouvre que par l’arrière et donc les voitures sont obligées de faire à l’intérieur un circuit assez compliqué.

Si vous souhaitez venir en Tunisie avec votre voiture, vous avez intérêt à prendre un bateau de la CTN pour une raison très simple : les formalités de police pour l’entrée sur le territoire sont faites à bord, pendant la traversée, ainsi que la délivrance des autorisations de circulation. Et croyez moi, cela fait gagner un temps considérable à l’arrivée à Tunis. Les bateaux français ne permettent pas ces formalités et en débarquant, vous pouvez avoir 600 véhicules répartis sur 4 malheureuses files et qui doivent passer à travers tous les filtres de la police et de la douane, ce qui peut prendre 3 à 4 heures si vous avez le malheur d’être parmi les derniers.

Mais quelque soit le bateau choisi, soyez sur le pont au moment où les côtes françaises ou tunisiennes commencent à être perçues et profitez de ce moment plein de charme.

26 juillet 2010

En route vers le Sud

180La plongée vers le Sud de la Tunisie s’effectue de manière progressive. Mais en une journée de voiture, on passe des paysages verdoyants du nord à ceux arides puis totalement désertiques du sud.

Lorsqu’on quitte Tunis, la route ou plutôt l’autoroute traverse les plaines cultivées du nord, encadrées  de reliefs couverts d’arbres fruitiers. Si on choisit l’itinéraire central, le paysage change déjà radicalement vers Kairouan. Là, plus d’autoroute, mais une route nationale parfaitement praticable qui parcourt une plaine aride aux oueds profondément creusés et asséchés sur des kilomètres. Quelques troupeaux de moutons au loin, groupés autour des tentes des bergers semi-nomades. Puis plus on avance, plus la végétation se raréfie, le sol de la plaine laisse apparaître la rocaille et les djebels au loin prennent la teinte ocrée d’un sol sans culture, avec simplement quelques pauvres arbrisseaux ici et là. La transition entre la rocaille et le sable s’effectue en douceur. Mais bientôt à l’horizon se dressent les premières palmeraies, derniers remparts avant l’arrivée sur le Grand Erg Oriental.

Les palmeraies, quelle douceur !

Parmi les plus célèbres, Douz et bien sûr Tozeur qui sont les véritables portes vers le désert et le point de départ de nombreux circuits.

On aborde Tozeur en traversant des quartiers récents où la circulation est aussi difficile qu’à Tunis. Mais en arrivant à l’entrée de la palmeraie, tout change. Les voitures se font plus rares, au profit des motocyclettes, qui permettent de pénétrer au cœur des parcelles irriguées par plus de 200 sources. Il y fait bon, même lorsque le soleil est à son apogée et les différentes plantations donnent une lumière sereine. Les arbres les plus hauts, les palmiers, protègent les arbres fruitiers qui eux-mêmes abritent les plantations de légumes. C’est ça, une palmeraie, trois sortes de cultures.

Et puis, il faut se promener dans les ruelles du vieux quartier aux maisons de briques organisées de telle manière que les façades reprennent les motifs que l’on peut trouver sur les tapis berbères.

Les petites oasis de montagne sont encore plus surprenantes, car pour les atteindre la route traverse tout d’abord une plaine recouverte de cristaux de sel qui brillent sous le soleil et donnent naissance aux fameux mirages, puis serpente au flanc des djebels pelés. Mais après avoir roulé à travers des canyons vertigineux, on découvre ces petits villages abrités sous leurs palmiers où les cultures de fèves et autres végétaux forment un tapis de verdure. Dans le décor, quelques villages fantômes, désertés par leurs habitants, mais aussi des cascades inattendues.

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